Toussaint et carrelage

Dans le cadre du programme de résidence artistique de l’Etat du Valais, la Fondation suisse accueille Vincent Fournier de juillet à décembre 2024.

Lors de sa résidence, le projet Toussaint et carrelage s’est concrétisé et sera présenté sous forme d’exposition dans la maison.

« Lors de ma première visite à la Fondation suisse de la Cité internationale, outre l’architecture lumineuse et claire de Le Corbusier et de Pierre Jeanneret, je fus interpelé par le carrelage blanc et le linoleum au sol. Les fines jointures des carrés de grès dessinent comme des traits de crayon entre les surfaces blanchâtres. Ces lignes horizontales et verticales s’entrecroisent ici très subtilement. La composition simple sans effet décoratif laisse apparaître des éclats dans les angles des petites surfaces carrées, comme des blessures. Le linoleum semble flotter au milieu du carrelage.
J’ai toujours été attentif aux sols que l’on trouve dans les peintures anciennes, dans les enluminures du Moyen-âge ou dans les icônes. L’art minimal de la seconde moitié du 20^e siècle propose de magnifiques dessins de grilles (Agnes Martin, Dan van Severen). Le thème des sols géométriques n’est pas nouveau dans mon travail. Toute une série de peintures portent le nom de Gabbatha tiré de l’évangile de Jean. Ce mot signifie dallage et désigne l’endroit où Jésus fut condamné à mort. 

Le 1er novembre est la fête de tous les saints, le 2 novembre, la commémoration des fidèles défunts. Bien avant le christianisme, les hommes et les femmes de la préhistoire se réunissaient en des lieux précis à des dates exactes pour fêter les disparus et pour garder un lien avec ceux qui les avaient quittés.
Les saint.es que vous découvrez dans l’exposition m’accompagnent par leurs écrits spirituels ou poétiques. Ils ne sont du reste pas tous canonisés, mais la fraîcheur et la force de leur pensée ou de leur amour vivifient la vie spirituelle. La relation intime avec les personnes qui nous ont quittés et qui ont laissé une trace dans nos cœurs ainsi que la vie des saints sont une source bienfaisante et importante de ma vie spirituelle. Cette relation devient comme une participation à la vie éternelle dès à présent. 

La chambre témoin de la Fondation suisse ressemble à une cellule de moine. Lumineuse, simple, elle invite au calme et à la sérénité. Elle accueille les travaux de cette exposition. » Vincent Fournier